Diffamation : des révélations d’espionnage dans un journal s’inscrivent dans un débat d’intérêt public

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Un journal a publié un article révélant que l’ancien président de la République avait ordonné à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) d’espionner certains journalistes. Le chef de la DCRI s’est constitué partie civile du chef de diffamation publique envers un fonctionnaire publique.

Dans un arrêt du 17 janvier 2017, la cour d’appel de Versailles a condamné les journalistes auteur de l’article à une amende pour diffamation publique envers un fonctionnaire public et complicité en écartant l’exception de bonne foi. Elle a retenu que les propos litigieux portaient atteinte à l’honneur et à la réputation de la DCRI car ses agissements étaient présentés comme illégaux et allant à l’encontre de la liberté des journalistes.
De plus, ces faits étaient précis et susceptibles de preuves. La cour d’appel a donc conclu que la publication était diffamatoire.

Le 10 avril 2018, la Cour de cassation casse l’arrêt rendu par les juges du fond.
Elle confirme le raisonnement des juges du fond sur la qualification de la diffamation. Cependant, elle retient l’exception de bonne foi caractérisée par l’absence d’animosité personnelle, la légitimité du but poursuivi, la prudence et la mesure dans l’expression et le sérieux de l’enquête. Depuis un arrêt du 11 mars 2008, la chambre criminelle tient également compte, dans l’appréciation de l’exception de bonne foi, du sujet afin de déterminer si celui-ci est d’intérêt général.
En l’espèce, la Cour de cassation retient que les propos litigieux s’inscrivaient dans un débat d’intérêt public ayant un retentissement national car ceux-ci concernaient la mise en cause de l’Etat dans une affaire de collecte dissimulée de données. Elle souligne également que la DCRI est plus exposée, du fait de sa fonction, à la critique qu’un simple particulier. Par conséquent, de tels propos ne dépassaient pas les limites admissibles de la liberté d’expression.